Trials of mana, ou plus exactement Seiken Densetsu 3 est un titre qui ne doit parler qu’à une poignée de fans et de nostalgiques de la saga de SquareEnix. En effet, avant de devenir le titre qui nous intéresse aujourd’hui, le jeu original fait parti des plus grosses frustration de joueur européen.
Pour resituer, nous sommes dans les années 90, alors que sa saga Final Fantasy fonctionne du tonnerre, Squaresoft (le nom original du développeur avant sa fusion avec Enix, son grand rival de toujours) décide de mettre en place une petite équipe pour tenter quelque chose de neuf.
Ce sera donc en 1991 sur Game Boy que sortira Seiken Densetsu (La Légende de l’Épée sacrée) nommé sous nos latitudes Mystic Quest. De ce « simple » spin-off va naître toute une saga.
2 ans plus tard (3 pour le continent Européen) sortira sa « suite » (l’univers est le même mais les lieux et les personnages sont nouveaux) sur Super Nintendo, sobrement intitulé Seiken Densetsu 2 au pays du soleil levant, mais renommé Secret of Mana partout ailleurs.
Et voilà un titre qui doit commencer à parler à nombre de nostalgiques et/ou fans de rétro-gaming.
En effet, Secret of Mana est un des plus grands jeux de la Super Nintendo et a sans nul doute marqué nombre d’entre nous.
Pour les plus jeunes, il est présent dans la compilation Collection Of Mana sur Nintendo Switch (ainsi que la version originale de ce Trials of mana qui nous intéresse aujourd’hui).
Épisode qui ne sortira jamais du Japon à l’époque, Seiken Densetsu 3 restera un fantasme pour beaucoup de joueurs. Quelques années plus tard et grâce à l’émulation, une équipe française se lancera dans une traduction amateur, ce qui permettra à beaucoup de joueurs frustrés à l’époque de le découvrir.
Voilà qu’aujourd’hui SquareEnix se décide à réaliser un remake de ce jeu mythique. Mais deux ans après le remake catastrophique de Secret of Mana les fans sont en droit de s’inquiéter.
Rassurez vous tout de suite, on est très loin de l’accident précité !
L’arbre mana se meurt
Le pitch ne surprendra aucun fan de la saga, cette dernière ressassant plus ou moins la même intrigue à chaque opus. À différentes époques, l’arbre Mana, protecteur de l’humanité, se voit affaiblit pour une raison ou pour une autre.
À ce moment là, un héros (ou une héroïne) devra surgir pour s’emparer de l’épée de légende et restaurer la force de Mana ainsi que l’équilibre du monde.
Mais la particularité de cet épisode est que vous aurez, au début de votre aventure, la possibilité de choisir votre personnage parmi six – tous différents et à l’histoire propre bien que liée au fil rouge de l’aventure.
En plus de votre personnage, vous pourrez choisir deux compagnons supplémentaires parmi ces six protagonistes. Et c’est là un des gros points forts du titre.
En effet, selon le personnage principal choisi, le début et la fin du jeu seront différents et tout au long de l’histoire principale, mêlant les aventures des six héros, de nombreuses scènes le seront également.
Vous l’aurez compris, en marge d’une trame principale commune, vous pourrez revivre l’aventure six fois avec des points de vue différents, ce qui confère une excellente durée de vie au titre.
Vous aurez ainsi le choix entre Duran, épéiste cherchant à prouver sa valeur au combat, Angela, magicienne trahie par sa propre mère, Kevin, un homme-loup-garou dont le père semble manipulé, Charlotte, jeune elfe prête à tout pour sauver ceux qu’elle aime, Hawkeye, un voleur qui tente d’empêcher une guerre et enfin, Riesz, une princesse amazone qui cherche à venger son père et à restaurer son royaume.
Des personnages hauts en couleurs avec chacun une personnalité propre, qui se retrouveront tous embarqués dans une histoire – certes vue et déjà vue, mais qui saura charmer les plus jeunes, les nostalgiques, les fans de la saga, mais aussi les amateurs d’heroic-fantasy.
Remake ? Remaster ? Portage ?
Nous voilà face à un remake pur et dur. Mais contrairement à Final Fantasy 7 remake, sorti il y a quelques semaines, Trials of Mana reprend très fidèlement le matériel d’origine.
Ainsi, en dehors de graphismes désormais en 3D, la quasi totalité du titre est rigoureusement identique au titre sorti en 95 (uniquement au Japon). Vous retrouverez les mêmes personnages, les mêmes lieux, les mêmes scénarios.
Mais que les fans de l’époque se rassurent, SquareEnix ne vous a pas oubliés et le jeu propose désormais un chapitre supplémentaire : une classe supplémentaire pour chaque personnage et un mode New Game + vous proposant de recommencer l’aventure avec plusieurs bonus conséquent dont, notamment un bonus d’XP de 300 %.
Parmi les nouveautés, vous trouverez également la quête de la recherche de P’tit Cactus, personnage récurrent de la saga, ici à retrouver dans les décors et qui vous offrira de nombreux bonus (affichage des coffres sur la map ou encore bonus d’XP par exemple).
Vous l’aurez compris, en dépit de grosses nouveautés, le titre parvient à retranscrire toute la magie et la saveur du matériel d’origine qui était, il faut le reconnaître, excellent.
En revanche, comme vous l’aurez peut-être déjà appris au fil des annonces du titre, ce Trials of Mana ne dispose PAS de mode multi-joueur. Et là, c’est le drame !
En effet, le titre d’origine proposait un mode deux joueurs permettant de parcourir l’aventure avec un acolyte. Mais avec un passage à la 3D et un manque de budget flagrant, le portage qui nous intéresse aujourd’hui fait l’impasse sur cette fonction.
Alors oui, il y aura des déçus (moi le premier au sein de Winkco), mais ce serait dommage de vous arrêter à ça, vous passeriez à côté d’un jeu malgré tout fort plaisant.
Beau de loin, mais loin d’être moche
Les copies d’écran parlent d’elles-même, le jeu ne brille pas par sa technique.
Nous sommes évidement très loin des moyens financiers et humains misent en place pour un projet tel que le remake de Final Fantasy 7.
Pire, nous faisons même face à un affichage des textures tardif relativement fréquent. La palme revenant certainement à la carte du monde (accessible à la moitié du jeu) qui est relativement moche et vide il faut bien l’avouer.
Mais rassurez vous, tout n’est pas à jeter, bien au contraire.
Le design général du jeu, très manga dans l’âme et surtout très coloré, rattrape le tir très régulièrement.
Et c’est même un plaisir de retrouver les ennemis emblématiques de la saga sous un nouveau jour. Les effets des différentes magies ne vous scotcheront pas non plus à votre canapé mais dans l’ensemble, cela reste correct.
Autre point négatif concernant la technique, les animations des pnj sont raides et d’un autre âge.
De même que l’on devine rapidement la réutilisation de certains mouvements lors des cinématiques (qui utilisent le moteur du jeu au passage).
Bref, techniquement parlant le jeu ne s’adresse donc pas aux aficionados de rendu « grand spectacle » mais il parviendra néanmoins à imposer un style graphique cartoon et rondouillard des plus agréables.
De la castagne, oui. Mais pas que !
Qui dit passage en 3D, dit forcément refonte de la jouabilité !
En effet, exit la 2d avec ses déplacements en vue de dessus, nous voilà dans ce qui est un action-rpg en temps réel contemporain.
Vous aurez à disposition une attaque simple, une attaque forte pouvant être chargée, une touche de saut et enfin, une touche d’esquive vous faisant faire une roulade (très précieux pour esquiver les attaques ennemis localisées par des zones rouges au sol). Vous pourrez réaliser différents combos via ces touches.
De l’original, vous retrouverez les menus rapides en forme d’anneaux regroupant les objets que vous aurez équipés pour le combat ainsi que les compétences spécifiques à chaque personnage.
Vous serez limité à 9 objets de chaque type équipés dans les raccourcis de combat lors de chaque affrontement.
Pensez bien à réassigner ces derniers mais surtout à ne pas en abuser pour ne pas vous retrouver à court, surtout lors des combats contre les boss.
Vous aurez également une jauge d’attaque spéciale qui se remplira lorsque vous utilisez une attaque forte. Une fois pleine, vous pourrez déclencher différentes compétences puissantes.
Vous avez également la possibilité de « locker » un ennemi afin de ne pas le perdre de vue dans des combats de temps à autre brouillons – surtout quand ils se déroulent en intérieur où la caméra peine parfois à se positionner idéalement.
S’ils ne renouvellent absolument pas le genre, les combats sont accessibles et dynamiques.
La difficulté est réglable afin de rendre le jeu accessible à tou.te.s. Pour celles et ceux trouvant le jeu trop simple, un mode difficile est présent dès le début.
Et Hiroki écouta.
Je ne pouvais pas clore ce test sans parler de la musique. La saga Mana a été très régulièrement marquée de thème magistraux et marquants.
Alors, près de 25 ans plus tard, qu’en est-il de ces thèmes réorchestrés ?
Point de réelles nouveautés, la bande son est constituée uniquement des thèmes d’origine revisités. Et bien force est de constater qu’ils n’ont pas pris une ride !
Pour les plus nostalgiques d’entre vous il est même possible de basculer sur la bande son de l’original de 95.
Alors oui, certains thèmes manquent de puissance et d’autres sont presque ratés. Nous sommes loin d’un massacre. Là encore, j’insiste pour les plus fervents adorateurs de l’original, dès le début il est possible de conserver les compositions d’époque de Hiroki Kikuta.
Et non, les thèmes de l’époque n’ont pris aucune ride.
Évolution oblige, une grande partie des dialogue est désormais doublée.
Sachez que nous sommes face à un pur produit japonais avec tous ses clichés.
Ainsi, les femmes parlent toutes avec une voix aiguë et les hommes avec une voix grave. Soyons honnête, si vous êtes allergique aux clichés japonisants, vous allez grincer des dents ^^.
Soyons honnêtes, nous sommes là face à un bon remake même s'il souffre très clairement d’un gros manque de moyens. Face au rouleau compresseur Final Fantasy 7 remake, le titre ne tient pas la comparaison. Le jeu est certes fait avec amour mais aussi avec les moyens du bord.
Nul doute qu’il plaira aux fans de la saga et aux nostalgiques. Mais si vous n’êtes pas sensible au charme de la série, il se pourrait que vous soyez déçu.
Je vous encourage chaudement de tester la démo disponible aussi bien pour Playstation 4 que pour Nintendo Switch.
Pour ma part j’ai été conquis et retrouver cet univers si magique des années plus tard dans un format remis au goût du jour a fait que je n’ai pas lâché la manette avant 2 scénarios complets.
Au passage, comptez en ligne droite 20/25h pour chaque personnage mais vous pouvez ajouter une petite dizaine d’heures pour chaque « run » si vous voulez boucler l’aventure dans tous ses recoins et pousser vos personnages au maximum.
Un jeu très bon bourré de qualités mais plombé par des défauts lourds qui le cantonne à un certain public.