Nous somme en 1992, l’actualité est complètement folle en sortie. Quel que soit le support, les chef d’oeuvres nous submergent. Wolfenstein 3D, Super Mario Kart ou encore Sonic the Hedgehog 2, tous les joueurs de plus de 30 ans n’ont pas pu oublier cette déferlante.
Au milieu de tout ce marasme, un titre va émerger tout d’abord sur Amiga, avant d’être porté sur presque toutes les machines de l’époque.
Développé par la société française Delphine Software et porté par Mr Paul Cuisset, ce jeu va redéfinir le jeu d’aventure d’alors. Il s’agit de Flashback.
Voilà que 25 ans plus tard, Microids décide de nous offrir un portage moderne d’une oeuvre qui a su marquer son époque.
Si le jeu nous intéresse aujourd’hui, bien que sorti il y a deux ans, c’est que Microids le réédite en Bundle avec le non moins mythique Another World.
Alors, piège à nostalgique ou ode au chef d’oeuvre ?
Science-fiction, aventure et quête d’identité
2142, dans un complexe militaire. Des échanges de coup de feu, une course poursuite en moto et votre avatar, le professeur Conrad B. Hart qui se crash au milieu d’une jungle. Au bout de quelques mètres, vous trouvez un message holographique de… vous-même dont vous n’avez aucun souvenir. Et voilà le début d’une aventure riche qui ne manquera pas de vous rappeler la nouvelle de Philip K. Dick “Souvenirs à vendre”, dont l’adaptation hollywoodienne par Paul Verhoeven sous le titre “Total Recall” aura elle aussi marqué les mémoires.
Le jeu s’articule autour d’un gameplay en 2D très proche de Prince of Persia ou de Another World. Flashback propose un univers coloré et varié. Vous faisant passer de la jungle à des citées futuristes, jusqu’au monde des aliens, le dépaysement est complet.
Vous devrez tout faire pour retrouver la mémoire tout en déjouant un complot interplanétaire. L’ambiance du titre, très noire, vous plongera rapidement dans une ambiance digne de Blade Runner.
Pixel art ou bouillie de pixels ?
Ce Flashback: 25th Anniversary propose les graphismes d’époque mais pouvant être “rehaussés” par le biais de différentes options. Vous pouvez ainsi opter pour un effet simulant les courbures des écrans CRT de l’époque, appliquer un flou de chaque côtés de l’écran, le jeu étant proposé dans le format 4/3 de l’époque. On regrette que l’image n’ai pas été adaptée pour se caler sur le format 16/9 d’aujourd’hui, mais cela aurait obligé l’équipe à retravailler le rendu de chaque écran.
Au passage, nous pouvons saluer le travail de Microids et de Paul Cuisset qui ont eu la bonne idée de se baser sur la version MS-DOS du titre et non sur une version déjà retravaillée.
Toujours dans les options graphiques, vous pouvez choisir d’activer une réduction de bruit, l’ajout d’effets bloom ou encore un filtre lissant les pixels.
Plus ou moins réussies, j’ai pour ma part préféré désactiver la plupart de ces options pour profiter du rendu de l’époque.
L’animation en Rotoscopie, fluide, nous rappelle qu’à l’époque le titre était impressionnant. Et aujourd’hui encore, que soient les cinématiques ou l’animation de votre avatar, Flashback n’a pas à rougir des productions 2D modernes qui baignent dans le pixel-art.
Des mécaniques old-school
Si vous choisissez de jouer en version remaster, vous aurez le confort de profiter de tutos dès la prise en main de votre avatar.
Un plus non négligeable tant le gameplay peut paraître rude aujourd’hui. En effet, comme évoqué plus haut, le titre s’inspire des mécaniques de jeu de titres tels que Prince of Persia ou Another World. Vous aurez ainsi à gérer chaque saut, chaque mouvement. Une jouabilité pas forcément intuitive aujourd’hui et qui demandera un petit temps d’apprentissage.
Ne serait-ce que pour gérer la latence du personnage, due aux nombreuses animations de ce dernier, il vous faudra apprendre à anticiper sur l’action.
Ne pouvant par exemple pas tirer à la volée, vous devrez dégainer votre arme avant de tirer, mais la petite animation vous faisant perdre une précieuse seconde, il ne faudra pas le faire au dernier moment.
D’autant que le jeu propose un mode de déplacement “écran par écran”, à chaque fois que vous changez de plan, il faudra appréhender ce qui se passe à l’écran.
C’est là un exemple parmi tant d’autres d’un gameplay qui, révolutionnaire à l’époque, peut paraître aujourd’hui désuet. Mais n’oublions pas que c’est ce genre de titre qui a créé les bases du jeu d’aventure d’aujourd’hui, nous sommes dans un portage et non dans un remake.
Il est agréable de voir que déjà à l’époque, le titre permettait d’aborder certaines situations sous différents angles. Vous donnant notamment le choix de foncer dans le tas avec votre arme ou d’utiliser une pierre et la jeter pour distraire un ennemi.
Des mécaniques jugées basiques aujourd’hui et pourtant nées à cette époque.
Afin de ne pas rebuter les joueurs occasionnels, l’équipe qui a réalisée le portage a eu la bonne idée d’inclure un mode “rewind”.
Activable au choix lors de la création de votre partie, cette option vous permettra de revenir quelques secondes en arrière lors de votre mort. Limitée à un certain nombre d’usages par niveau, elle ne gâche en rien l’expérience de jeu. D’autant que le jeu est dur, ne pardonnant pas la moindre erreur, la difficulté d’époque pourra surprendre pas mal de joueurs.
De même, à l’époque nous n’avions qu’un mot de passe entre chaque niveau. Ici, pas de panique, le jeu vous permet de sauvegarder grâce à des bornes disséminées de ci de là. Pour rappel, à ses origines, ces bornes ne faisaient office que de checkpoint et il nous fallait terminer le niveau entier pour avoir le précieux mot de passe qui nous permettait de ne pas reprendre l’aventure de zéro.
Comme vous vous en doutez, époque oblige, la durée de vie du titre n’excède pas quelques heures. Les développeurs ont ajouté quelques éléments déblocables dont des galeries comportant des concept arts, augmentant la rejouabilité du titre.
Le jeu vous demandera une bonne maîtrise pour être terminé en mode “original” qui propose un challenge ardu.
Musique à la carte
Comment vous parler de Flashback sans évoquer ses musiques et son ambiance sonore. Véritable pépite à sa sortie, elle demeure très bonne malgré le poids des ans.
Et si le jeu vous propose bien des musiques retravaillées avec brio et ne dénaturant pas l’oeuvre d’origine, je ne saurais que trop vous conseiller de conserver celles d’époque, composées par Jean Baudlot.
Les bruitages ont également été retouchés (très peu) afin de coller à l’ambiance du titre originel.
Avec une bande son parfois épique ou parfois discrète, laissant le bruit ambiant créer l’ambiance, la B.O. de Flashback a su marquer son époque et rester excellente.
Car oui, il s’agit ici avant tout d’une expérience.
Le but étant de faire découvrir à la jeune génération et à celles et ceux qui étaient passés à coté, une pépite de l’histoire du jeu vidéo français.
Si les options graphiques ajoutées sont discutables, le fait qu’elles soient désactivables résout le problème.
Alors oui, le jeu a vieilli et malgré l’ajout confortable du mode “rewind”, beaucoup de joueurs modernes pourront être rebutés.
Mais force est de constater que nous sommes face à la meilleure version Flashback, un titre qui se parcourt comme un hommage à une époque révolue.
Les nostalgiques y trouveront leur compte et, je l’espère, les plus jeunes découvriront une page d’histoire.