Spécialiste historique du monospace en plein repositionnement, Citroën se plie à la mode du moment et intègre le segment très disputé des SUV compacts, en misant sur sa « Creative Technologie » et sur une nouvelle motorisation plug-in hybride. Convaincant ce C5 Aircross Hybrid ou à revoir ? Winkco a essayé ce modèle pour vous.
On les a attendus longtemps, mais ça y est l’hybride et le SUV made in Citroën sont là ! En effet, si le cousin Peugeot avait profité en son temps d’une version Diesel Hybrid4 sur 3008, les Chevrons avaient dû céder cette motorisation à la DS5 à l’époque, laissant par la suite à nu la gamme du constructeur lors de l’émancipation du label DS en 2014. Quant à aller marcher sur les platebandes des Qashqai et autres Tucson, il n’en était pas question pour le spécialiste des familiales.
Un crève-cœur, surtout quand on connait l’attrait historique de Citroën pour l’innovation sous toutes ses formes. La traction, la 2CV, les suspensions hydropneumatiques, le volant à moyeu fixe, le pare-brise « zénith », les carrosseries en matériaux plastiques, les airbumps… Autant de trouvailles (non exhaustives) qui, à chaque période, ont propulsé Citroën à l’avant-garde de son époque tout en marquant sa singularité.
Heureusement les bonnes fées de la R&D PSA se sont (enfin) re-penchées sur la marque et comme à leur habitude n’ont rien fait comme tout le monde !
La stratégie d’électrification 2.0 de Citroën passe donc désormais par trois produits principaux : L’AMI -pour la singularité-, qui vient chasser sur les terres de votre moulin à café avec une vente par abonnement chez FNAC et Darty ; le e-Berlingo pour les livraisons en attendant un Tubik de série (rêver c’est vivre) et le C5 Aircross -pour l’avant-garde- qui se voit équipé d’une motorisation hybride rechargeable. Une tête de pont qui doit ouvrir le chemin à une gamme 100% électrifiée à l’horizon 2025 (Yummi !). Alors, Citroën est-il désormais reconnecté à son époque ?
Une technologie internationale dans un gant de velours
Dans un monde qui évolue, il faut savoir prendre le meilleur de chacun et y ajouter une pincée d’excentrisme, de french touch diront certains. Citroën joue cette carte assez finement en ayant écouté notamment les remontrances des journalistes spécialisés à l’époque de feue DS5. La boite pilotée simple embrayage maison (d’une lenteur toute étatique) a donc été remerciée et remplacée par une dynamique boite d’origine nippone AISIN à 8 rapports EAT8 (pour Efficient Automatic Transmission).
Un bloc électrique de 80 kW vient s’accoupler entre le bloc 1.6 Puretech de 180 ch et la EAT 8 pour fournir 45 ch supplémentaires à l’ensemble. Le tout s’accompagne d’un batterie Li-Ion LG Chem haute tension de 200 volts et 13,2 kW de capacité (garantie 8 ans pour 70% de charge), de quoi pousser quelque peu mémé dans les orties et offrir 55 km d’autonomie WLTP à l’ensemble plug-in.
A l’extérieur, Le C5 Aircross Hybrid ne joue pas sur un look tonitruant pour convaincre mais plutôt sur une robustesse rassurante. La mention « hybrid », est discrètement apposée sur les ailes AV et le hayon de coffre. Pour les plus excentriques un pack optionnel exclusif à cette version ajoute des inserts bleus anodisés de toute beauté.
A l’intérieur aussi, Citroën se modernise en adoptant un compteur numérique de 13,2’’(dès le niveau Feel) et un écran multimédia 8’’ avec GPS et fonctions Apple Carplay/Android Auto. La recharge sans fil NFC (en option sur finition Shine) est également de la partie. De quoi jouer les geeks comme il se doit au volant de ce nouvel SUV.
C5 comme Confort 5 étoiles
Ce qui m’intrigue dès les premiers tours de roue du C5 Air cross hybride, ce n’est pas tant tout cet attirail technologique que le silence qui règne à bord. A la base, je roule au quotidien en hybride, je suis habitué à une conduite silencieuse. Celle-ci est généralement troublée au feu rouge par les borborygmes de mes compatriotes avec leur traditionnel Diesel des familles, ou par des bruits de roulements dus à la chaussée dégradée. Là, rien. Une bulle de douceur… qui s’explique par un gros travail des équipes de Citroën sur les isolants et les vitrages.
La deuxième bonne surprise, c’est une amélioration très sensible du ressenti sur la route. Même sur chaussée dégradée on ne subit que très peu de secousses, merci les amortisseurs à butée hydraulique. A vrai dire, là aussi ce freluquet de C5 Aircross remet en question mes perceptions, voire mes aprioris. Historiquement, je n’avais jamais vraiment beaucoup apprécié le typage « confort » des suspensions Citroën qui, couplées à sièges souvent trop mous, gênaient mon oreille interne au point de me donner parfois la nausée. Mais force est de constater qu’avec le combo sièges à mousse multidensité « Advanced Comfort » (dès finition Feel) & suspensions à butée hydrauliques on tient aujourd’hui le duo parfait ni trop mou, ni trop dur (à l’allemande).
Je ne devrais peut-être pas écrire ça devant mon rédac-chef mais j’ai trouvé le confort des larges sièges tellement bien que je me suis fait une pause de 15 min… qui s’est transformée en 30 min sur le bas-côté en connectant mon iPhone en Carplay avec Deezer réglé sur ma playlist Zen. Il ne manquait plus que le siège massant et un rechauffe-serviette humide dans la boite à gants et j’étais parti pour rendre la voiture le lendemain après un sommeil de bébé.
D’ailleurs, astuce pour ceux qui ont besoin d’un bon matelas pour dormir : le coffre n’est pas impacté par la batterie qui est logée sous l’habitacle, ce qui vous laisse de 460 à 600 litres de capacité à aménager comme bon vous semble. Les places arrières disposent par ailleurs d’une bonne largeur et sont coulissantes et inclinables, l’empattement généreux de 2,73 m est un vrai plus sur ce modèle.
Le plein d’élec et de high-tech
Bon allez, on se secoue et on reprend la route ! Ce qui réveille, c’est avant tout le couple puissant (320 Nm) du moteur électrique disponible instantanément et qui donne au C5 Aircross Hybrid un très bon entrain, malgré les 1770 kg de la bête (340kg de plus que le 1.6 Puretech 180 ch simple). La boite EAT8 seconde très bien l’ensemble, sans aucun vrombissement ni « effet CVT » qu’on peut ressentir sur des hybrides concurrentes, et encore moins les à-coups de feue BMP6, franchement hourra !
Seule ombre au tableau, une pédale de frein assez spongieuse sur ce modèle hybride. On aurait apprécié pouvoir avoir la possibilité de faire moduler la récupération d’énergie pour compenser cet effet et soulager le freinage, mais malgré le mode Brake- B de la boite EAT8 cela ne m’a pas paru hyper probant. De même avec le sélecteur de conduite qui ajoute de la pêche à la demande mais ne semble pas follement déterminé à nous ralentir. A confirmer sur un essai plus long.
Bien qu’ayant une préférence revendiquée pour le confort, le C5 Aircross Hybrid reste agile et s’accompagne d’un lot de technologies de série pour vous faciliter la conduite, un effort d’équipements qui d’ailleurs est plus généralement la chasse gardée de constructeurs asiatiques.
On citera notamment : le Active Safety Brake qui détecte les piétons et obstacles imminents de 10 à 85 km/h (la version + sur Shine et Shine Pack détecte même les piétons la nuit, les cyclistes et fonctionne sur autoroute), la détection de sous-gonflage, le frein de stationnement électrique, l’alerte risque de collision, l’alerte active de franchissement de ligne, l’alerte d’endormissement au volant « coffee break », la reconnaissance des panneaux, le régulateur limiteur de vitesse (adaptatif en option hors Shine), l’allumage automatique des feux, essuie-glace automatique, bluetooth, autoradio 6 haut-parleurs avec Mirrorscreen. Tout ça de série, oui monsieur !
Du reste, toute cette armada reste facile à utiliser au quotidien. On jongle très facilement avec les 3 zones du combiné d’instrumentation numérique 12,3’’ personnalisable (dès Feel) pour activer les fonctions ou suivre sa consommation électrique. L’écran numérique du système d’infotainement de 8’ est lui aussi très bien réalisé et offre une bonne sensibilité au toucher, l’intégration de Carplay y est idéale. La clarté des appels Bluetooth y est assez bluffante également.
Pour les smartfans, la recharge NFC est dispo en option (série sur Shine Pack). Et pour les smartphonobes, Citroën offre aussi une navigation connectée fournie par Tomtom sur le niveau Shine (option sur Feel) qui est particulièrement complète et intègre l’info trafic, la recherche locale, les parkings et stations-services à jour, les bornes et les redoutables « zones de danger ».
Au chapitre connectivité, l’application compagnon My Citroën (iOS / Android) est similaire à celle très réussie déjà essayée dans nos colonnes sur la Peugeot e-208.
Vous retrouverez ainsi vos trajets, les maj disponibles pour votre véhicule (à faire depuis chez vous malheureusement), l’état de charge de votre batterie et vous aurez également la possibilité de pré-chauffer l’habitacle lorsque le véhicule est en charge.
On ne pourra pas dire que Citroën ne soigne pas ses clients !
Une autonomie à la carte
Du point de vue de l’autonomie, le C5 Aircross hybride tient ses promesses avec entre 43 et 48 km réels d’autonomie constatée en forçant le mode zéro-émission. Sachant qu’en moyenne un travailleur fait 26 km pour se rendre à son travail, l’autonomie laisse de quoi faire de sérieuses économies de carburant pour les « commuters ». Une recharge sur votre lieu de travail (3h50 en 16A et 7h25 sur une prise classique 8A) et c’est reparti.
Du moment que la batterie est chargée, la consommation est très contenue (3,2 l/100 km observés sans faire d’efforts d’éco-conduite…et même plutôt l’inverse). Lorsqu’elle est déchargée, cela se gâte un peu mais ce n’est pas non plus dramatique, un petit 6,9 l/100 km de moyenne, ce qui reste sobre pour ce grand garçon qui carbure à l’essence.
Le C5 Aircross reste prévoyant et vous propose aussi de garder du rabe d’électricité si jamais vous arrivez en ville dans une zone ZEV à destination par exemple. 10, 20 km ou batterie complète suivant vos désidératas. Bien vu !
Pédagogue, le C5 Aircross vous indique aussi sa plus-value à la fois par un tableau historique de consommation et recharge, mais aussi par une statistique tout à fait surprenante et visible dans le combiné d’instrumentation. Ainsi sur un trajet test hybride d’un peu plus de 100 km nous avons roulé plus de la moitié sans consommer d’essence. Intéressant.
Des tarifs à l’affût des concurrents
Côté douloureuse, le Citroën C5 Aircross Hybrid ménage quelque peu le couperet. Disponible en 3 finitions Feel, Shine et Shine Pack, il émarge à respectivement 39950€, 43600€ et 45250€ (au 01/09/2020). En comparaison, le cousin Peugeot est bien plus onéreux et ne tend la patte qu’à partir de 44300€ sur 3008 pour vous faire profiter du même système hybride. Mais dans le segment C-SUV, l’ennemi à abattre reste avant tout le Volkswagen Tiguan dont le traditionnel 2.0 TDI 150 DSG Life, affiché à 40250€, est secoué par un C5 Aircross Hybride généreux en équipements et plus innovant.
De quoi faire réfléchir et avoir envie de soutenir le made in France (le C5 Aircross est fabriqué à Rennes).
Une alternative de choix à la surenchère de muscles du segment des SUV. Une proposition originale qui devrait trouver son public.