Les temps ont changé. Ado, je me rendais à la FNAC pour m’acheter la dernière sortie sur PC ou console. Maintenant, je pars m’acheter une balance connectée. Mais si 10 années ont passé, le plaisir semble, lui, demeurer intact. Même étrangement proche…
Jouer à la Pesée
Tout d’abord l’emballage. Le package est beau, c’est indéniable. On est plus proche d’Apple que de Singer, et ce n’est pas innocent. Au dos, on retrouve les points forts de l’objet agrémentés de courbes de couleurs pour bien montrer qu’on ne fait pas qu’afficher le poids, on le suit également. Paquet sous le bras, les gens m’observent un brin envieux, croyant probablement que je viens de faire l’acquisition d’un ordinateur portable, ce qui n’est pas idiot au vu du packaging, des dimensions et des fonctionnalités…
Trêve de plaisanterie, vient le moment du déballage. 1er constat : l’objet est beau. Compacte, proposant des lignes épurées, voici un produit qu’on n’a pas honte d’exposer. Fini le temps de la balance qu’on planque dans un coin de la salle de bain. De ce côté l’injonction des objets connectés de transformer la banalité du quotidien en expérience ludique et esthétique est bien respectée.
1 poids, 4 mesures
Possesseur de la montre Activité de Withings, la configuration n’est qu’une formalité. Ayant l’application, pierre angulaire de leur ecosystème produit, je n’ai qu’à ajouter la balance dans mon environnement. Le produit prend alors quelques minutes pour installer son programme. Je me dis qu’il est toujours aussi incongru de voir des process informatiques s’inviter dans une mécanique nous étant si familière. Privilège d’être témoin de 2 époques technologiques qui se passent le relai.
Alors qu’en est-il de l’usage ? 1er point fort : Withings Body reconnaît les membres de la famille sitôt les 2 pieds posés dessus (dans la limite de 8 personnes). Pas de manip laborieuse pour indiquer qui est qui, ni de démarrage à initier, suffit de poser ses panards et la machine s’occupe du reste. Comme souvent chez Withings, on facilite l’usage.
Pour ce qui est de la mesure du poids, il faut bien aligner ses pieds tout le long de l’appareil, auquel cas celui-ci peine à sortir un résultat définitif. La pesée accomplie, c’est parti pour le ballet des metrics : le poids, bien entendu, mais également des mesures liées à la composition corporelle comme la masse grasse, la masse hydrique, la masse musculaire et la masse osseuse. Nous reviendrons sur l’intérêt.
Enfin, détail anodin mais intéressant, la balance indique la météo du jour. Si cette fonctionnalité ne remplace pas votre appli météo, l’intention est intéressante puisqu’elle cherche à inscrire le produit dans un contexte plus global : la routine matinale. Pas forcément révolutionnaire mais voici le genre de petite attention qui surprend.
Pour ce qui est de l’appli, vous y retrouverez consigné l’ensemble des données reliées entre elles par une courbe indiquant leur évolution dans le temps. Bien entendu, qui dit poids dit alimentation, et pour cela un couplage est prévu avec MyFitnessPal. Cette dernière vous permet d’enregistrer vos gueuletons quotidiens de manière assez simplifiée, quoique rébarbative dans le temps.
Trop de datas tue la data
Finalement, quand on fait le bilan au bout d’une semaine de tracking intense, à consigner l’ensemble de ses repas, ses activités, son poids, sa masse hydrique etc… on finit par se lasser et reprendre une vie normale. Pourquoi ? Parce que finalement on se rend compte que malgré les indéniables richesses du produit et de l’appli, on ne sait que faire de ces datas.
Withings a bâti des produits de qualité, beaux, couplés à une application riche et intuitive. Le problème, et la marque passé sous pavillon Nokia récemment n’est pas la seule dans cette situation, c’est qu’il manque la cerise pour que le gâteau soit complet : l’analyse.
De ce côté le bât blesse. Car en dehors d’explications dignes d’une blogueuse de 15 ans, la marque ne revendique aucune expertise sur les activités qu’elle propose de suivre (sommeil, poids etc…). D’ailleurs le couplage avec MyFitnessPal n’offre quasiment aucune valeur ajoutée en dehors d’afficher simplement le ratio calories dispos/consommées.
Pour le moment, cette balance connectée reste un très beau, et coûteux, gadget. Reste à faire évoluer l’analyse des données pour que le gadget devienne un véritable outil.
Pour conclure je vous laisse méditer cette citation issue du film Steve Jobs, où Steve Jobs use d’une métaphore pour expliquer l’expérience utilisateur à sa responsable marketing : « l’esprit humain est ainsi fait que si tu as une tâche sur ton gilet, je vais pointer mon doigt en direction de la tâche, et non te donner ses coordonnées. »