Bravely Default, voilà un titre qui parle assurément aux amateurs de J-RPG tant les opus Nintendo DS ont été qualitatifs. Certes pas exempts de défauts, mais proposant du neuf avec de l’ancien et disposant d’une alchimie qui a fonctionné du tonnerre. Que ce soit le chara-design, les musiques, le scénario, le premier Bravely Default ainsi que sa suite ont su satisfaire les amateurs du genre.
Dignes de J-RPG console, les jeux de Silicon Studio étaient même quelque peu à l’étroit sur la portable aux deux écrans de Nintendo. Voilà donc sans trop de surprise qu’un “véritable” second opus, cette fois-ci développé par Claytechworks et la Team Asano nous arrive sur la machine hybride de Nintendo.
Simple suite? Mise en route d’une nouvelle saga? Consécration du titre au rang de “grand” J-RPG? C’est un peu de tout cela. Alors voyons ensemble ce que nous réserve ce qui semble être un indispensable du RPG Japonais bien que le genre soit particulièrement riche ces derniers temps.
La modernité à l’ancienne.
Vous vous réveillez, sur une plage, échoué, à demi mort, amnésique. Voilà une entrée en matière ressassée mainte et mainte fois. C’est pourtant sur ce pitch on ne peut plus classique que Bravely Default 2 s’ouvre. Proposant une nouvelle histoire sans lien avec les opus Nintendo 3DS, vous n’allez pourtant pas être au bout de vos surprises. Vous allez parcourir le monde aux côtés de compagnons d’armes avec un scénario certes classique mais complet et profond. Comme à mon habitude, je ne vais rien vous évoquer de plus concernant l’histoire. Mais gardez en tête que sous ses apparences simplistes, le titre propose une excellente histoire digne des plus grands du genre.
Pour ce Bravely Default 2, l’univers reste semblable à ce qu’avaient proposé les deux précédents titres de la licence. A savoir un univers médiéval fantastique très proche de ce que la saga Final Fantasy pouvait proposer jusqu’au sixième volet. Et en parlant de la saga de SquareSoft, sachez que les références sont très nombreuses. Que ce soit la quête des cristaux ou la présence d’un jeu de cartes rappelant celui présent dans le huitième volet. Mais n’ayez crainte, si le titre joue la carte de la nostalgie, il parvient à conserver son identité.
Tout ce qui brille n’est pas d’or.
Cela ne vous aura pas échappé par le biais des différentes captures, le titre propose un style graphique particulier. Mêlant 2D et 3D, c’est un petit bijou de design. Oui mais il y a un mais. Par ces mêmes captures vous aurez remarqué que la technique est relativement inégale. En effet, si lors des déplacements en ville le jeu propose de somptueux décors en 2D dignes de tableaux pour certains (oui oui j’insiste), les éléments en 3D sont malheureusement très souvent maladroits.
Les efforts faits dans les lieux proposant des arrières plans en 2D sont splendides. Que ce soient les effets de zoom/dézoom, les petites animations ou encore la foule de détails, tout flatte la rétine. Certes, un petit aliasing est présent mais il sait se faire oublier. En revanche, lors des déplacements sur la carte, dans les donjons et dans d’autres lieux parcourus où le rendu est en 3D, le constat est beaucoup moins jovial.
On ressent que le titre provient d’une équipe prompte à avoir réalisé des bijoux sur Nintendo 3DS mais qui peine à exploiter pleinement la machine hybride du même fabricant. Les coins sont anguleux, les textures parfois grossières. Si cela ne nuit jamais à la lisibilité, nous sommes bien loins des titres les plus aboutis techniquement de la Nintendo Switch. Et ce, en portable comme en docké. Pire, de (très) légères baisses de framerate sont parfois présentes.
Un résultat en demi-teinte donc pour la partie graphique du titre qui nous charme donc avec un design splendide et une technique bancale.
Les combats au cœur du jeu et le jeu au cœur des combats.
Véritable cœur de la saga Bravely Default, les combats n’ont pas beaucoup évolué depuis les précédents opus. Un mal pour un bien tant l’alchimie semble maîtrisée. En effet, le titre propose un système au tour par tour, cher au genre jusqu’à la fin des années 90. Mais forcément, il y a un petit plus. Vous aurez ainsi à jouer sur les actions et surtout “miser” sur leurs enchaînements, je m’explique.
Chaque personnage dispose d’une jauge d’action qui peut gonfler ou bien tomber dans le négatif. Si une action se consomme sur un tour, vous pouvez choisir de vous mettre en posture de garde, de “Default” afin d’accumuler des points d’action. Et quand vous le déciderez, vous pourrez enchaîner plusieurs actions dans le même tour. Mais ce n’est pas tout, vous pouvez également faire basculer cette réserve dans le négatif en enchaînant les “Bravely”. Vous pourrez donc jouer le tout pour le tout en épuisant votre personnage, sachant que tant que sa jauge n’est pas revenue dans le positif, il se contentera de rester sur place à prendre coup sur coup.
Un système qui a fait les beaux jours des épisodes précédents. En effet, malgré la formule classique du tour par tour, libre à vous de tout donner dès le premier tour pour mettre fin au combat le plus vite possible. Et là, les vieux briscards du J-RPG comprennent que ce petit détail fait beaucoup. Car malgré les nombreux combats, ces derniers s’enchaînent à toute vitesse, ce qui permet de conserver un bon rythme tout du long de l’aventure.
Mieux, par le biais de ce système de “Bravely” et de “Default”, vous allez pouvoir établir une vraie stratégie de combat sachant que… les ennemis peuvent faire de même !
Et oui, ne soyez pas surpris de voir du petit gobelin jusqu’au gros boss optionnel user de ces techniques- vous forçant à prévoir les différentes situations possibles.
Un énorme point positif donc en ce qui concerne les affrontements qui, par leur dynamisme, parviennent à ne pas alourdir le titre de combats répétitifs jusqu’à user la patience du joueur. Notez également que les ennemis sont tous visibles. Si ces derniers vous foncent dessus par derrière, vous commencerez le combat désavantagé. Mais si vous parvenez à les prendre par surprise et à les frapper de votre épée dans le dos, c’est vous qui commencerez le combat avec un avantage certain. Si ce type de mécanisme existe dans de nombreux jeux, dans ce Bravely Default 2, il peut carrément renverser l’issue d’un combat!
Gardez donc à l’esprit que foncer tête baissée sera rarement une bonne idée dans le titre. De même, ne soyez pas effrayé par la difficulté régulièrement en dents de scie. C’est là un des points noir du titre, déjà présent dans les précédents épisodes. Il n’est pas rare de “rouler” sur les ennemis juste avant de se faire pulvériser par un boss. Les différents niveaux de difficulté n’impactent pas l’aventure donc si vous n’êtes pas à le recherche de challenge, n’ayez aucune honte à modifier ce dernier à la volée.
Pour ce qui est de vos personnages, ils pourront très rapidement changer à la volée de classe et même les combiner. Ainsi, la classe principale gagnera en expérience afin de proposer de nouvelles possibilités et la classe secondaire, elle, vous permettra d’utiliser ses compétences déjà débloquées. La personnalisation des capacités de vos persos est relativement complète et permet une foule de combinaisons. Sachez que certaines classes sont particulièrement bien cachées et surprenantes.
Lassé des combats? Parmi les activités annexes présentes au sein du titre, l’un d’entre eux va retenir toute votre attention. Le jeu de cartes B&D, accessible au bout de quelques heures, va vous scotcher. Véritable jeu dans le jeu, il n’est pas sans rappeler le Triple Triad de Final Fantasy 8. Avec sa flopée de cartes à collectionner et ses mécaniques de jeu, on en vient même à regretter de ne pas pouvoir affronter ses amis par son biais!
Revo(ir) le passé.
Désolé pour le jeu de mot à la ramasse pour commencer. Si les deux précédents Bravely default avaient bénéficié des compositions des groupes Sound Horizon et Supercell, c’est cette fois-ci Revo sous son nom propre qui monte à la barre.
En effet, le compositeur a signé cette fois-ci seul (bien qu’il soit le seul membre permanent de Sound Horizon). Vous ne serez donc pas surpris de retrouver des thèmes et des ambiances proches du premier volet. Certains thèmes pourraient même devenir récurrents pour ce qui s’apparente déjà à une saga. Mais clairement, aucune faute n’est à signaler sur la partie sonore avec une B.O. qui, si elle ne détrône pas les ténors de l’histoire du J-RPG, sait rester parfaitement agréable et jamais répétitive.
Pour les voix, même constat. Que ce soit en anglais ou en japonais, les intonations sont excellentes et si on peut reprocher l’absence d’une version française, on ne peut que saluer le travail fourni.
En prenant la relève de Silicon Studio, le studio Claytechworks a su démontrer tout son talent. Si depuis un moment déjà, l’actualité en matière de J-RPG est riche, ce Bravely Default 2 parvient à tirer son épingle du jeu.
Imaginez bien, en sortie de jeux tels que Yakuza 7, Atelier Ryza,... replonger dans un titre fleuve ne se fait pas facilement… Et pourtant, pour tous les amoureux de l’ancien temps dans le domaine du jeu de rôle Japonais, il s’agit bien là d’une lettre d’amour emplie de bonnes intentions.
Un titre dont les points positifs parviennent à faire oublier les défauts. Un incontournable de ce début d’année et la confirmation que Bravely Default est une saga qui a sa place parmi les grands et ce pour les années à venir (enfin on espère).