Fort d’un premier opus qui a brillé par ses points forts, la série Judgment (car c’en est désormais une) revient sur les chapeaux de roues. La saga des Yakuza du studio Ryu ga gotoku ayant effectuée un virage vers le jrpg, les Judgment sont eux toujours bien ancrés dans le jeu de combat/aventure propre aux premiers amours du studio.
Voilà donc que nous retournons à Kamurochô pour retrouver notre détective local préféré, j’ai nommé Takayuki Yagami. Quelques années ont passé depuis sa précédente aventure mais c’est toujours aux côtés de son acolyte Masaharu Kaito que va débuter cette nouvelle histoire.
Après une introduction mettant les personnages dans le contexte, ce qui permet aux personnes n’ayant pas joué au précédent jeu de ne pas être perdu, l’histoire peut commencer. Comme à mon habitude, je n’évoquerai aucun point du scénario au cours de mon test. Sachez qu’une fois de plus, le studio Ryu ga gotoku s’est surpassé pour créer des personnages intéressants et des intrigues qui tiennent en haleine jusqu’au bout de l’aventure principale sans pour autant négliger les quêtes annexes parfois dignes d’un jeu à part entière. Attention tout de même, sachez que les points abordés sont très adultes et traitent du harcèlement, du suicide, et d’autres thématiques dures.
Une technique perfectible mais qui tient la barre
Vous l’aurez vu via les différents visuels, le jeu est beau. Si il n’égale pas les grands standards de beauté, c’est dans les détails qu’il faut chercher. La ville est vivante, grouillante de petits éléments qui la rendent criante de vérité. Mais si sur next gen le titre s’en sort avec les honneurs, force est de constater que sur Playstation 4, les plâtres sont parfois essuyés grossièrement.
Le moteur Dragon Engine commence à montrer ses limites. D’ailleurs sur cette version old-gen, les baisses de framerate sont relativement fréquentes. De même, un clipping (affichage tardif des éléments) est lui aussi régulier. Des soucis moins présents sur machines next gen.
Mais il serait dommage de s’arrêter là, tant la modélisation des personnages (principaux surtout) est excellente. Les mouvements de visage retranscrivent bien les expressions. Et tout au long des 12 chapitres de l’aventure principale, les échanges et autres scènes sont vraiment agréables à l’œil. D’ailleurs, les animations ne sont pas en reste avec des mouvements relativement naturels. Mention spéciale aux combats qui parviennent à rester fluides en toutes circonstances même sur notre bonne vieille Playstation 4.
Comme je disais en introduction à propos de la technique, c’est encore une fois dans les détails que le jeu montre son talent. Que ce soit dans la rue, en intérieur, dans les salles de classe ou des scènes de crime à analyser le jeu fourmille d’un nombre incroyable de détails. Chaque environnement parvient à être vivant et crédible, renforçant le côté cinématographique du jeu.
Cours après moi que je t’attrape !
Job de détective oblige, Takayuki aura à plusieurs reprises l’occasion d’user de ses talents d’enquêteur pour mener à bien ses enquêtes. Et si la castagne est un de ses points forts, il sait aussi faire preuve de subtilité. C’est ainsi que le jeu nous propose des phases de gameplay diversifiées.
A vous les joies d’espionner des conversations afin de réunir des indices, le tout au loin avec un micro ou l’air de rien en marchant auprès des gens. Examiner attentivement une scène de crime et/ou des objets. Mener à bien un interrogatoire en prenant soin à l’ordre des questions énoncées et/ou des indices à révéler. Le titre propose également des filatures où votre discrétion sera mise à rude épreuve. Un suspect s’échappe ? Qu’à cela ne tienne, notre détective se lance alors dans des phases de poursuites riches en QTE (actions contextuelles) et au rythme soutenu. Une scène de crime semble inaccessible ? C’est sans compter sur les capacités à tout escalader de Takayuki. Sans égaler les phases d’escalades d’autres licences comme les Assasin’s Creed, le jeu propose des passages réussi de grimpette.
Ainsi, hormis certaines phases d’infiltration un peu lourdes, les différents gameplay sont diablement efficaces et le jeu parvient à ne pas pénaliser le joueur et à ne pas tomber dans la monotonie. Sachez également que les capacités inhérentes à chaque contexte (filature, course-poursuite,…) sont améliorables au fil de l’aventure. Donnant au joueur un sentiment de progression des plus agréables. Un modèle du genre.
D’ailleurs, toutes ces aventures vont se dérouler dans, outre le quartier emblématique de Kamurochô, le quartier d’Isezaki Ijincho de Yokohama, déjà apparu furtivement dans Yakuza: Like a Dragon. Une aire de jeu gigantesque qui, si elle est peut être trop connue des aficionados de la saga, parvient à proposer des lieux et des situations différentes. Des gameplays globalement réussis et qui font passer un moment agréable au joueur.
Quel que soit ton style, tu vas distribuer des mandales avec classe !
Dans un jeu comme ce Lost Judgment où le cœur du gameplay se trouve dans les combats, il est vital de les rendre dynamiques et plaisants. Et sur ce point, c’est un quasi sans faute ! Ryu ga gotoku est parvenu à trouver la bonne alchimie entre technique et plaisir de jeu.
Car oui, vous allez distribuer des mandales par paquets de treize à la douzaine.
Malgré la haute fréquence des affrontements, le jeu parvient à ne pas ennuyer le joueur. Vous avez accès à trois styles de combat bien distincts qui proposent tous des évolutions propres. Car oui, bien que le titre propose des combats chargés d’action, il n’en conserve pas moins une grande composante rpg. Vous gagnerez donc de l’expérience et de l’argent à chaque combat afin d’améliorer vos caractéristiques.
Si la plupart du temps vous avez à vous battre, comme je vous l’ai expliqué précédemment, le gameplay est très loin de se contenter de cela. Via vos enquêtes, vous aurez donc également à infiltrer un club de danse, un autre de boxe, un club de skateboard,… Je vous passe les détails mais sachez que la liste est longue.
Et pour chacun de ces clubs, tout un gameplay spécifique est mis en œuvre.
À vous le jeu de rythme pour montrer vos talents de danseur. Des combats de boxe ? Qu’à cela ne tienne, exit l’action frénétique du kung-fu et place à la technique du noble art. Je vous ai parlé du skateboard ? Et bien oui, à vous d’aller rider comme un pro. Mieux, vous pouvez utiliser ce skate pour vous déplacer en ville, rendant les voyages en taxi presque inutiles. Un gang de bikers à infiltrer? C’est parti pour des courses en moto complètement dingues !
Toutes les activités annexes parviennent à se hisser au niveau de jeu à part entière. Je dois vous avouer pour ma part avoir passé des heures et des heures à customiser ma moto pour passer d’une pétrolette à un engin du démon !
Un dernier point, jeu de chez Ryu ga gotoku oblige, toute une flopée de jeux rétro sont disponibles au fil de l’aventure. Entre les salles d’arcades et votre Master System, c’est une véritable compilation que nous propose Lost Judgment. Avec pas moins de 8 jeux de Master System et 8 autres en arcade. Je vous laisse le loisir de découvrir ces titres. Cerise sur le gâteau ? Plusieurs sont même jouables à deux.
Une aventure qui se vit, mais qui s’écoute aussi.
Tout comme la saga Yakuza dont sont issus les Judgment, la direction sonore est soignée de bout en bout. Si l’on regrettera de nouveau l’absence (à mon goût) de titres vraiment marquants, les musiques choisies et composées sont toutes de qualité. Ainsi, selon le lieu et l’heure, l’ambiance sonore parvient à instaurer une ambiance particulière. Une bande son générale riche et agréable.
Mais s’ il y a un point qui surpasse clairement une grande partie de la concurrence, c’est bien les doublages. Relativement corrects dans la langue de Shakespeare, c’est clairement en Japonais qu’ils excellent. Réalisés par des professionnels connus au pays du soleil levant, ils permettent de vraiment entrer dans l’univers du titre. Renforçant sans cesse le côté cinématographique du jeu. Un vrai régal pour les oreilles.
La série Judgment, “simple” spin off à la saga Yakuza, prouve avec cette suite que cette nouvelle saga peut exister par elle-même. Si les amateurs de la série des Yakuza pourront commencer à tourner en rond dans des environnements bien connus, les développeurs parviennent tout de même à surprendre.
Certes, les phases d'infiltration sont parfois maladroites et le jeu se trouve un peu à l'étroit sur Playstation 4, mais ce serait jeter le bébé avec l'eau du bain que de s'arrêter à ça.
Les combats sont agréables, le doublage japonais irréprochable, la durée de vie massive. Que vous soyez fan ou non des jeux du studio Ryu ga gotoku et de leur univers, vous êtes face à un excellent jeu d'aventure. À noter que même si vous n'avez pas fait le premier volet, le jeu est parfaitement accessible. Les points clés de l'aventure précédente sont abordés dans le scénario et les personnages ont tous droit à leur présentation.
Quant à la durée de vie, comptez entre 35 et 40 heures pour la seule quête principale. La quantité astronomique de quêtes secondaires peut pousser le temps de jeu à plus d'une centaine d'heures. Et pour celles et ceux qui en voudraient plus, des DLC sont d'ores et déjà annoncés.
Concrètement, nous sommes là face à un des meilleurs jeux de l'année 2021. Fun, accessible, émouvant, addictif. Passer à côté si vous êtes amateur de jeux d'aventure, de films noirs, fan ou non de la saga, serait un crime !