Depuis de nombreuses années déjà, la série des Persona fait couler énormément d’encre. En grande majorité en bien. La saga, plus qu’un simple spin-off de la série des Shin Megami Tensei est devenue son égal. Bien que longtemps réservée à un public de niche à cause de peu d’épisodes arrivés chez nous et pour la plupart en anglais. Mais au fil du temps, la popularité croissante a forcé les joueurs à franchir la barrière de la langue. Et tout comme la saga Yakuza, dont l’excellent dernier épisode nous est arrivé en français, la saga jouit désormais d’une aura suffisante pour attirer le grand public mais aussi et surtout, les grands éditeurs qui n’hésitent plus à traduire les opus sortants.
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas la saga Persona, cette dernière a largement dépoussiéré la formule vieillissante du J-RPG. Que ce soit de part son univers adolescent gorgé de pop-rock et de longues tirades dignes de visual-novels ou par ses interfaces hautes en formes et en couleurs, exit le J-RPG médiéval gris de papa !
Les menus sont stylisés, les couleurs flashy, les personnages sauvent le monde mais prennent le temps de se draguer autour d’un bol de ramen ou de thé. Ce qui pourrait être un virage niais parvient à réinventer la recette sans jamais tomber dans le mièvre.
C’est donc une saga J-RPG dans l’ère du temps que nous propose désormais le studio Atlus (P Studio). Les derniers épisodes débordent de bonnes idées et relèvent tout le talent de l’équipe. Alors oui, encore trop peu d’épisodes sont disponibles dans la langue de Christophe Lambert et Persona 5 n’est toujours pas porté sur la machine hybride de Nintendo. Mais trêve de longueur, voyons ensemble ce que nous réserve cette suite directe de Persona 5 par le studio Omega à qui l’on doit la saga des Warriors, le bien nommé Persona 5 Strikers!
On prend les mêmes et on recommence, mais c’est pas pareil !
Quelques mois ont passé depuis les événements de Persona 5 et la vie semble avoir repris son cours normal. Joker et Morgana sont de retour à Tokyo pour retrouver le reste de la bande des Voleurs Fantômes pour passer des vacances bien méritées. Mais il y a un mais !
Comme vous vous en doutez, tout ne va pas se dérouler comme prévu et l’équipe va devoir reprendre du service bien plus tôt que prévu pour faire face aux délires mégalomaniaques d’une Idol.
Comme à mon habitude, je ne vais pas m’étaler sur le scénario mais soyez rassurés, le titre reste dans la veine de son prédécesseur. A savoir que vous allez avoir toujours autant de dialogues entre les différents protagonistes avec leurs questionnements d’adolescents. Des balades au sein de différents quartiers de Tokyo pour vaquer à de nombreuses activités. Mais surtout et bien évidemment, des flopées d’ennemis à défaire, des quêtes secondaires, de la course à l’équipement et tout le tintouin. Pas de doute, nous sommes toujours dans un Persona !
Avant de continuer, sachez pour celles et ceux qui n’auraient pas joué au précédent opus, que l’introduction de l’histoire, des lieux et des personnages fait l’on ne se retrouve pas perdu. En effet, sans tomber dans la lourdeur, la trame scénaristique nous replace les personnages et événements passés afin de guider les nouveaux venus sans pour autant endormir les aficionados.
Un retard technique effacé par une myriade de couleurs.
Vous l’aurez certainement remarqué au premier coup d’œil sur les différentes captures d’écran, le titre reste dans la veine de Persona 5. Si les décors sont chargés de détails, les personnages hauts en couleurs, le design soigné, on ne peut que constater une technique vieillissante. Pour rappel, le titre est sorti il y a déjà un an au pays du soleil levant. Qui plus est, suite au succès de Persona 5 sur la Playstation 3 de Sony, le titre est pensé comme une suite directe sous forme de Mousou mis en chantier en 2016. Le projet sera repensé, retravaillé, pour finalement profiter d’une sortie sur la génération suivante.
On sent que le moteur est vieillissant, les animations sont certes fluides, que ce soit en mode docké comme en mode portable mais l’ensemble souffre très fortement d’aliasing. A ce titre, j’aimerais insister sur la fluidité constante du titre, un réel confort comparé aux chutes drastiques dont souffre Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau à titre de comparaison.
Malgré son style graphique exubérant, le titre parvient à rester lisible. Que ce soit lors des déplacements en ville au sein de la foule, dans les menus ou lors des combats, même en mode portable le titre reste agréable à l’œil. Reste donc ce terrible aliasing, même si l’on finit par s’y faire. Un Titre bien à l’aise sur la machine hybride de Nintendo avec un rendu dans l’ère du temps.
On saute, on cogne, on tire, les joy-con bien calés en mains.
Vous l’aurez compris, pour cette suite confiée au studio Omega, exit le J-RPG “classique” et bonjour le beat’em’all bien bourrin. Oui mais attention à ne pas s’arrêter à ce simple constat. Si pour ses précédents travaux le studio était resté sur sa formule baston/prise de forts/boss, ici la formule a quelque peu évoluée. Si une map est toujours disponible pour les déplacements, comportant au passage sa part d’exploration, nous sommes plus proches d’un action-RPG.
En effet, lors de l’exploration des différentes prisons (faisant office de niveaux), ce sont des groupes d’ennemis que vous aurez à affronter. En s’approchant d’un ennemi, il déclenche un mode combat faisant apparaître d’autres ennemis et une fois tous ces derniers défaits, vous aurez votre compte d’expérience et d’objets. Exit donc le côté brouillon à courir partout en laissant traîner un ennemi ou deux par-ci par-là. Mais n’allez pas imaginer que comme pour un Yakuza, ce ne seront que quelques poignées d’ennemis !
Non, là nous sommes bien face à un beat’em’all qui va vous confronter à des dizaines d’ennemis à chaque rencontre.
Le côté Dynasty Warriors est donc bien présent avec ses affrontements à n’en plus finir contre des hordes d’ennemis. Mais la formule a évolué pour proposer un peu plus. En effet, à l’issue de tutoriels bien trop courts, on se rend compte que les combats sont bien plus tactiques qu’à l’accoutumée pour le genre.
Si vous pouvez bien sûr bourriner avec quelques combos, vous aurez à gérer votre jauge de coups spéciaux, des invocations, des actions communes avec vos équipiers, des interactions avec le décors et j’en passe !
Attention donc à vos différentes réserves et surtout à bien gérer les différents points faibles des ennemis sous peine de passer à côté de la dimension tactique des combats. Chose qui en plus de vous gâcher l’expérience, vous rendra les combats inutilement longs et difficiles.
Nous voilà donc davantage face à un action-RPG bien musclé que face à un Musou. Une évolution cohérente avec l’univers des Persona. Car au bout de quelques heures, on se rend compte que le gameplay colle à la perfection avec l’ambiance et l’on sent bien que nous ne sommes pas dans un “simple” spin-off mais bien dans une solide suite en bonne et due forme.
Le système de combat est bougrement complet, proposant notamment un système d’invocation mais aussi et surtout, une gestion complète de vos Personas. En effet, Joker, le personnage principal, aura la possibilité de changer de Persona très rapidement dans l’aventure. Vous pourrez en récupérer à l’issue de combat, les combiner pour en créer de nouveaux ou encore en invoquer d’anciens. Le tout en les faisant évoluer et en transmettant leurs compétences spéciales. Sans aller jusqu’à marcher sur les plates bandes d’un Pokémon, le titre se montre relativement riche sur la gestion de vos Personas, un véritable plaisir tout au long du titre.
D’ailleurs, si la majorité du gameplay se veut nerveux, sachez que des moments de calme sont toujours présents. Persona oblige, vous aurez donc la possibilité d’arpenter les rues de différentes villes afin de dialoguer avec des pnj, améliorer vos relations avec vos compagnons,… Ces passages, faisant en fait office de hub entre chaque niveau, permettent de souffler et de retrouver l’âme de la série de J-RPG. Attention au passage, car si certains niveaux peuvent être rejoués, quand vous avancez dans le scénario et donc changez de hub, ils ne seront plus disponibles.
Vous l’aurez compris, en terme de jouabilité, la team Omega s’est surpassée afin d’offrir une expérience moins bourrine qu’auparavant. Ne proposant ni un Musou classique ni un J-RPG, elle est parvenue à mélanger le meilleur des deux mondes pour un résultat qui parvient à rester plaisant et jamais lassant tout le long de l’aventure.
Ça swingue un max.
Fidèle à l’épisode qui le précède, Persona 5 Strikers dispose lui aussi d’une excellente bande son. Une surprise en demi-teinte cependant car l’on se rend vite compte qu’il reprend énormément de pistes de son prédécesseur. Avec des thèmes diversifiés et adaptés aux situations, on se plait à jouer au casque pour en profiter pleinement. Que ce soit avec les guitares appuyées lors des combats ou la pop sucrée lors des dialogues durant un repas, l’ensemble est là encore des plus agréables.
Les doublages quant à eux sont de qualité, que ce soit en Japonais ou dans la langue de Shakespear. Une fois de plus, une petite préférence sera accordée à l’itération venue du pays du soleil levant, plus appuyée et collant mieux avec l’univers.
Si le début peut laisser sur la touche les joueuses et les joueurs non initiés à l’univers du précédent titre, on se laisse vite porter et imprégner. Un essai transformé qui démontre une fois de plus le talent de la team Omega à qui l’on doit par exemple le récent Hyrule Warriors : L'Ère du Fléau.
Alors oui, le titre souffre de quelques défauts, aliasing et chargements trop nombreux en tête. Mais il regorge de très nombreux points forts !
Que ce soit sa direction artistique, son univers, sa musique, ses combats, sa durée de vie,... Bref, vous l’aurez compris, nous voilà devant une petite perle. Clairement un must-have de ce début 2021 sur Nintendo Switch.
Vous aimez les Persona ? Les J-RPG ? Les beat’em’all ? Alors foncez !