Resident Evil fait partie des sagas que l’on ne présente plus. Présente depuis de nombreuses années sur de très nombreux supports du jeu vidéo, elle a été déclinée en roman, films, films d’animation,… impossible d’être passé à côté. On pourrait la découper en trois parties. Les épisodes un, deux et trois, qui ont posé les bases du survival-horror “moderne”, les épisodes quatre, cinq et six qui ont exploré une voie plus orientée action et enfin, les épisodes sept et huit, qui misent sur un retour à l’horreur.
Je vous fais grâce des nombreux épisodes annexes, de qualités diverses et variées, pour nous concentrer sur les épisodes “principaux”. Ainsi, Capcom avait créé la surprise en proposant un retour à l’horreur et à la terreur plus qu’à l’action frénétique avec le septième volet. Adoptant une vue à la première personne, le jeu revenait à un rythme plus calme, misant sur l’ambiance et l’aspect survie. Aujourd’hui, la saga nous revient donc avec un huitième opus qui semble reprendre les codes du précédent.
Et si, comme nous allons le voir, tout n’est pas parfait, Capcom semble avoir de nouveau affiné sa recette pour le bonheur des fans. Alors, tirez les rideaux, enfilez votre plus beau casque pour l’immersion, nous revoilà dans la peau d’Ethan Winters pour un nouveau chapitre de la saga d’horreur Resident Evil.
Un village mais pas pour les vacances.
Le titre prend place quelques mois à peine après les faits survenus dans la maison des Baker. Ethan et sa femme Mia ont même eu un heureux événement avec l’arrivée d’une petite fille, Rosemary, après avoir déménagé en Europe de l’Est. Mais alors que le couple semble se remettre de leurs émotions, Chris Redfield débarque et enlève l’enfant et Ethan! Un retournement de situation qui va laisser Ethan dans l’incompréhension la plus complète. Reprenant vos esprits au milieu de nulle part, vous allez vous traîner jusqu’à un petit village perdu où, vous l’aurez devinez de par le titre du jeu, l’histoire va prendre place.
Comme à mon habitude, je ne vous révélerai rien du scénario. Sachez qu’une fois encore, Capcom brille par sa capacité à rendre farfelu le moindre élément et à tournebouler un scénario jusqu’à un final apocalyptique. On ne change pas une formule qui gagne. Bref, les habitués de la saga ne seront que peu surpris par les retournements de situations abracadabrantesques. Pour les autres, accrochez vos ceintures.
Exit dont la moiteur des marais de Louisiane et bonjour le froid, la neige et le vent des contrées perdues d’Europe de l’Est. Dès les premiers pas, l’ambiance est saisissante. Les personnages, amis comme ennemis, hauts en couleurs. Lady Dimitrescu, la vampire de presque trois mètres de haut qui a tant fait le buzz avant la sortie du titre est bien là. Librement inspirée d’Élisabeth Báthory et de la légende urbaine japonaise de Hasshaku-sama (je vous laisse naviguer sur les internets ^^), elle montre le savoir faire de Capcom pour la création de monstre qui marque les joueurs. Petit regret, elle n’est pas l’antagoniste principale contrairement à ce que l’on aurait pu penser en termes de promotion du jeu. Elle disparaît même un peu trop vite à mon goût, mais chut, n’en disons pas plus !
Comme vous l’aurez saisi, l’ambiance froide est particulièrement bien maîtrisée et on revient aux fondements de l’horreur et du survival dans une grande partie du titre. Car oui, si Capcom a fait les choses bien, le développeur a donné au dernier tiers de son titre un tournant résolument plus “arcade” qui tranche avec l’ambiance du début. Un choix dommageable tant le soin apporté à l’atmosphère est vraiment à souligner.
T’es beau comme un bortsch !
Les captures d’écran vous auront de suite rassuré(e)s je pense. Si d’un point de vue purement technique, le titre est très joli sans être exceptionnel (On sent le besoin de faire rentrer le jeu sur deux générations), le design est un quasi sans faute. Qu’il s’agisse des décors, des ennemis, des armes, tout nous renvoie à une ambiance sombre et poisseuse des pires hivers des Carpathes.
Si le précédent opus s’était déjà appliqué à rendre ses décors riches et vivants, ici Capcom pousse un peu plus loin – passant des environnements glauques de la maison de la famille Baker, entourée de marais, à un village des pays de l’est criant de “réalisme”. En effet, le village est presque un personnage à part entière ici. Véritable zone centrale autour de laquelle tout va graviter, la moindre maison visitée, le moindre recoin du château (et des zones suivantes mais chut!) a bénéficié d’un soin tout particulier.
Et les personnages me direz-vous ? Amis comme ennemis, ils sont clairement réussis dans l’ensemble. Si certains montrent des détails d’animations plus ou moins poussés, il n’en reste que le design général rattrape les loupés. Car oui, le design est tout bonnement réussi. Qu’il s’agisse de Lady Dimitrescu, de ses fille ou de tous les autres personnages que vous allez croiser, ils bénéficient d’une patte maîtrisée. Baignant dans une horreur gothique et grotesque, le malaise est presque palpable. Une très bonne impression générale pour ce qui est du visuel donc.
Jouable du bout des 8(?) doigts.
Comme l’épisode numéro sept, ce Resident Evil Village fait le choix d’une vue à la première personne. Manette en mains, l’immersion est donc rapide et réussie. Dans l’ensemble, les commandes répondent bien. Avec une touche pour se protéger qui, une fois maîtrisée, pourrait fortement vous faciliter le travail avec un nouveau système de contre-attaque.
Les déplacements se font aisément et les nombreux allers-retours parviennent à ne pas devenir pénibles. On note bien la présence des énigmes “à la Resident Evil” à savoir aller chercher la pierre brillante là bas pour ouvrir un coffre ici. Cette vue à la première personne sera également la bienvenue pour explorer les nombreux décors et tout ce qu’ils cachent. En effet, ne vous attendez pas à courir dans tous les sens sauf quand des hordes d’ennemis vous tombent dessus. Ici, il va falloir fouiller, encore et encore.
En parlant de hordes d’ennemis, le titre vous mettra en position de fuite assez régulièrement le temps de vous armer. Un sentiment de proie/faiblesse qui sert parfaitement l’histoire et l’ambiance. Enfin, jusqu’au dernier tiers du titre. En effet, à un moment le titre prend un virage beaucoup plus musclé. Les munitions et les armes, tout comme les ennemis, se font de moins en moins rares, pour ne pas dire (presque) trop présents. Mais même dans cette situation, la jouabilité répond présent. Avec une visée précise, un déplacement aisé, des raccourcis pour les armes. Sans devenir un concurrent de Doom, le titre de Capcom montre qu’il est aussi efficace quand il faut faire parler la poudre.
D’ailleurs, à propos de faire parler la poudre, sachez que le mode mercenaire, introduit en tant que tel par le troisième épisode, fait son grand retour. Disponible après avoir terminé le jeu une première fois, il vous permettra, comme à son habitude, de débloquer du contenu supplémentaire. On regrette néanmoins qu’il ne propose que peu de cartes et donc peine à se renouveler.
Du contenu déblocable, vous en aurez ! Et il vous faudra d’ailleurs recommencer le jeu plus d’une fois pour en découvrir tous les secrets. Avec un nouveau mode de difficulté, de nouvelles armes, de nouveaux défis. Si l’aventure principale ne vous prend qu’une dizaine d’heures pour être bouclée une première fois, vous pouvez compter le double pour retourner le titre dans tous les sens.
Met ta cagoule ton casque !
Oui, j’insiste, jouez au casque ! Le sound design de ce Resident Evil 8 est juste formidable. Que ce soit les bruits ambiants, vos pas, le grognement des ennemis, tout a été travaillé avec brio.
La respiration des monstres dans les moments oppressants, les cris au loin dans les passages ouverts,… tout est là pour peaufiner au maximum une ambiance froide et glauque. Le repérage dans l’espace de l’origine des bruits est excellent.
Si les thèmes musicaux ne resteront pas, une fois de plus pour la saga, dans les annales, il y a fort à parier que jouer au casque ou avec un très bon équipement 7.1 vous fera vivre une expérience des plus terrifiante. Un sound design au top qui fait plaisir.
Au passage, veillez noter que l’ensemble du jeu a été doublé en Français. Le doublage est de très bonne facture et est des plus convaincants hormis quelques passages où Ethan ne semble pas du tout dans l’ambiance. Quelques petits loupés qui savent vite se faire oublier. Un bon point donc.
Mais il y a un mais. Car l’expérience se trouve presque gâchée par un dernier tiers décevant qui bascule dans l’action facile et basique. Proposant une série de couloirs emplis de monstres où il n’y a que la poudre à faire parler, cela tranche nettement avec les premières heures.Le mode mercenaire qui, même si on aurait aimé plus de contenu, remplit parfaitement son rôle.
Mais il serait dommage de passer à côté d’un bon titre qui brille par quelques très bons points positifs et un contenu plus que correct.
Si les aventures d’Ethan ne semblent pas encore terminées, on attend donc le prochain volet sereinement avec un Resident Evil Village diablement agréable. Un très bon titre de cette première moitié d’année 2021.